La Scara soigne à froid la conservation de ses grains
La coopérative d'Arcis-sur-Aube mise sur la réfrigération pour maîtriser la qualité de ses blés meuniers et orges brassicoles.
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Dans ses trois silos d'expédition d'une capacité totale de 230 000 t, la Scara stocke principalement des blés meuniers et des orges brassicoles. Sa stratégie étant depuis longtemps de se différencier, grâce à la qualité de ses produits aussi bien physique que technologique et sanitaire, une bonne conservation des grains est primordiale. Celle-ci passe par la gestion du taux d'humidité et de la température. Si le premier paramètre est en grande partie maîtrisable en amont, en incitant les adhérents à récolter suffisamment sec, ce n'est pas le cas de la température des grains qui dépend uniquement de la météo et peut atteindre 30 à 35 °C. Il faut alors l'abaisser pour bloquer le processus de respiration du grain. " A 13,5 % d'humidité, quelle que soit la température, on ne craint pas une évolution rapide, explique Jean Bourtembourg , responsable du pôle céréales à la Scara. En revanche, si elle est plus élevée en raison des conditions météo comme celles de la récolte 2011, la température doit être abaissée rapidement à 20 °C pour éviter le développement des moisissures et minimiser les problèmes de germination. Mais à cette température, les insectes peuvent encore se développer. Il faudra donc par la suite descendre jusqu'à 10-12 °C. "
Précurseur pour le Nord
Or, la Scara a le handicap d'avoir des cellules verticales très hautes. Conséquence : pour refroidir les grains par ventilation soufflante, la pression nécessaire pour faire passer l'air extérieur dans la cellule augmente la température de l'air soufflé de 7 à 10 °C. Pour compenser, la coopérative a pris l'option dans les années quatre vingt de s'équiper en matériel pour refroidir l'air avant qu'il soit insufflé. " Dans la région, nous étions déjà précurseurs à l'époque, souligne Jean Bourtembourg. Si les organismes stockeurs du sud de la France ont peu d'autres choix que d'adopter cette technique, vu les températures nocturnes relative ment élevées, dans le nord très peu en sont équipés, même aujourd'hui. " Les groupes froids arrivant en fin de vie, la Scara a étudié en 2010 les alternatives possibles telles que le traitement insecticide systématique ou, encore, la ventilation par aspiration qui évite certains inconvénients de la ventilation soufflante. Aucune n'étant au final satisfaisante dans la configuration de la coopérative, elle décide de réinvestir dans six groupes froids avant la récolte 2011. " Nous en sommes complètement satisfaits vu les conditions humides de cette récolte et les températures douces de l'automne suivant. Fin octobre 2011, tout était refroidi à 10-12 °C, alors que l'année précédente, le même résultat a été atteint à la fin de janvier. "
Une dépense indispensable
En 2009, 25% des dépenses électriques de la coopérative étaient dues à la ventilation froide. " Cette technique consomme beaucoup d'énergie mais surtout en été, période où elle est la moins chère, explique Jean Bourtembourg. Mais cette dépense est indispensable quand on sait qu'un déclassement d'une orge brassicole en fourragère se traduit par une perte de 80 €/t environ. " Le nouveau matériel, beaucoup plus performant que l'ancien, refroidit plus rapidement et utilise donc moins d'énergie en hiver. Fin décembre 2011, la Scara a déjà constaté une baisse importante du coût énergétique. Autre avantage : alors que moins de 10 % de la collecte était traitée avec un insecticide, leur utilisation devrait être encore réduite grâce à une descente en température plus rapide.
Chantal Urvoy
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